Photo(s) vibrante(s)

Faute d'avoir pu le voir à la Reine Blanche, en raison des circonstances, nous avons imaginé le spectacle de Anissa Daaou et Marceau Deschamps-Segura.

A la Reine Blanche, Anissa Daaou et Marceau Deschamps-Segura s’apprêtaient à donner vie aux mots d’Aurore Jacob, qui trouvent leur source dans l’histoire de l’égyptienne Magda, la « Révolutionnaire nue », mais aussi dans les attentats qui ont secoué la France en 2015. Avec ingéniosité, les deux comédiens-metteurs en scène imaginent un spectacle entremêlant témoignages et fictions. Une pièce immersive retardée, cause coronavirus, qu’on espère voir vite  ! 

Cheveux blonds hirsutes, regard bleu clair et débardeur à fleurs, Marceau Deschamps-Segura ne laisse pas indifférent. Volubile, curieux, il aime à questionner, à échanger. C’est, ainsi, que je me souviens de notre première rencontre. C’était en avril 2017, au Théo Théâtre, pour découvrir l’Amphitryon de Molière adapté par l’étonnant Charles di Meglio. Il allait entrer à l’Académie de la Comédie-Française, en tant qu’élève metteur en scène. Depuis, il a fait du chemin. C’était avec beaucoup de plaisir que j’avais pris date pour voir sa dernière création.

Une histoire au long cours

C’est en 2016 que l’artiste en herbe découvre la pièce d’Aurore Jacob. Alors comédien apprenti au CNSAD, il participe à une étape de travail dirigée par Olivia Grandville. Tout de suite, le texte Sur/Exposition partant de l’histoire d’Aliaa Magda Elmahdy, une jeune Égyptienne qui, pour dénoncer l’hypocrisie autour du corps de la femme dans le monde arabe, poste une photo d’elle nue sur les réseaux sociaux, est télescopé par les attentats de novembre 2015, le captive. Proposant à Anissa Daaou de le rejoindre sur le projet, ils commencent à penser à l’adapter, le mettre en scène. 

Une immersion au cœur du processus créatif

Tout commence dans un musée. Une jeune commissaire d’exposition, Aurélie Bocage, présente le travail de Magda, une photographe qui interroge par le corps féminin la société égyptienne. Le vernissage bat son plein. Les spectateurs sont invités soit à s’asseoir sur les gradins, soit à circuler sur scène. Tout se passe bien. Un bruit assourdissant. Une explosion. Un attentat interrompt les festivités. De cet acte violent nait une réflexion humaniste sur notre monde, sur la place de l’artiste, de la femme. 

Une belle histoire

Jeunes, passionnés, Anissa Daaou et Marceau Deschamps-Segura se sont jetés à corps perdu dans ce théâtre hybride où des témoignages de femmes arabes entre en résonnance avec des textes poétiques, d’autres récits plus ordinaires. L’ensemble kaléidoscopique donne l’eau à la bouche. On rêve le spectacle, la mise en espace. On imagine les photos, les mots, les histoires. On se laisse porter par leur appétissante note d’intention, par l’engagement, la fougue de la troupe. 

Un simple report

Sensible au sujet, on souhaite maintenant découvrir cette œuvre chorale. De tout cœur avec les comédien.ne.s, les metteur.euse.s en scène et l’autrice, on les soutient en espérant pouvoir bientôt les applaudir.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Sur/Exposition d’Aurore Jacob
Théâtre de la Reine Blanche
Avec Anissa Daaou, Marceau Deschamps-Segura, Lucile Jegou, Romaric Olarte, Cecile Elma Roger, Salome Dienis-Meulien, Asja Nadjar
Mise en scéne d’Anissa Daaou, Marceau Deschamps-Segura

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com