Foenkinos, le retour gagnant au Boulevard

Au Théâtre de Paris, Foenkinos revisite le mythe du triangle amoureux.

A la salle Réjane du Théâtre de Paris, David Foenkinos revient au Vaudeville et signe une comédie des plus réjouissantes. Mis en scène avec finesse par Nicolas Briançon, Dix ans après est une belle des surprises de cette rentrée théâtrale.

David Foenkinos a une sacrée plume et surtout une imagination foisonnante. Pour sa nouvelle pièce, il met en scène le fameux triangle amoureux : le mari, l’amant, la femme. Cela a tout du vaudeville. On n’en est pas loin, mais concocté à sa sauce légère, très enlevée. Disons-le sans détour, l’auteur nous a régalés. 

Un triangle amoureux détonnant

A la grande surprise de sa femme, Yves a invité son meilleur ami Pierre à venir dîner. Cela faisait dix ans qu’ils ne s’étaient vus. Normal, Le premier ayant eu l’indélicatesse de piquer au second, sa fiancée pour en faire son épouse. Pierre arrive, et on le comprend, un peu sur ses gardes. Il trouve la maîtresse de maison toujours aussi belle et parfaite. D’où sa surprise lorsque Yves lui annonce l’objet de son invitation. Il a décidé de la quitter au dessert et de la lui rendre. L’amour n’est plus, le désir non plus. Trop parfaite, trop lisse, trop prévisible, elle l’ennuie. Devançant ses envies, elle n’émet jamais un seul reproche. Et même si le potentiel érotique entre eux fonctionne bien, il ne peut plus la supporter.

Une écriture enlevée

C’est la base, le début du premier acte. On ne peut rien raconter, car les deux actes qui vont suivre, allant crescendo, réservent bien des surprises. Foenkinos nous embarque dans une histoire bien ficelée où les rebondissements ne cessent de nous étonner. Derrière la comédie, l’auteur explore les sentiments amoureux. Qu’est-ce qui fait que l’on aime puis qu’on n’aime plus ? La femme idéale ne risque-t-elle pas de devenir le pire cauchemar ? L’homme « parfait » devenir un goujat ? Et surtout faut-il vraiment supporter de dîner tous les jeudis soirs avec Nicole et Bernard ? 

Des personnages aux petits-oignons

Les personnages de la pièce sont parfaitement bien croqués. Ce qui évidemment permet aux comédiens de s’éclater dans ces beaux rôles. Surtout les garçons que l’auteur n’a pas ménagés dans ces portraits d’hommes ordinaires qui sont d’une lâcheté, d’une mauvaise foi, d’une muflerie des plus réjouissantes. Julien Boisselier (Yves) et Bruno Solo (Pierre), tel l’Auguste et le clown blanc, forment un duo impayable. Le premier est parfait dans ce rôle d’auteur un peu présomptueux, très sûr de lui. Le second est irrésistible dans celui de l’assureur ayant justement peu d’assurance en lui. L’épouse modèle, la potiche de ces messieurs, la nunuche de service, est incarnée avec délicatesse par Mélanie Page. Le personnage est complexe et elle ne lâche jamais rien. 

Une mise en scène bien réglée

A la mise en scène, on retrouve Nicolas Briançon. Il a réglé ce vaudeville moderne avec la dextérité qu’on lui connaît : aucun temps mort, de belles images, une direction d’acteurs au cordeau. Le public conquit dès les premiers instants, applaudit à tout rompre aux saluts. Un beau succès s’annonce et il est tout à fait mérité. Bravo !

Marie-Céline Nivière


Dix ans après de David Foenkinos
Théâtre de Paris
Salle Réjanne
15, rue Blanche
75010 Paris
Jusqu’au 31 mars 2020
Du mardi au samedi à 21h00, en matinée le samedi à 16H30 et le dimanche à 15h00
Durée 


Mise en scène de Nicolas Briançon assisté de Mathilde Penin 
Avec Bruno Solo, Mélanie Page & Julien Boisselier 
Décors de Jean Haas 
Accessoires de Bastien Forestier 
Costumes de Michel Dussarrat
Coiffure de Michelle Bernet 
Lumières de Jean-Pascal Pracht

Crédit photos © Céline Nieszawer

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