Lewis Carroll reste une énigme

Au festival d'Avignon, Macha Makeïeff plonge dans les fantaisies de Lewis Carroll et de son Alice.

Macha Makeïeff annonçait un portrait fantaisiste de l’auteur britannique Lewis Carroll, à travers une ré-adaptation d’Alice aux pays des merveilles. Mais le résultat, sa pièce proposée au festival d’Avignon, Lewis versus Alice, n’est que la convocation d’un joyeux bordel à l’esthétique envoûtante mais au texte hermétique et pauvre.

On trépigne d’impatience. A peine installés dans les fauteuils de La FabricA, pleine lumière encore dans la salle, de fabuleux décors s’offrent à nous. Une ambiance de vieux châteaux poussiéreux, regorgeant de bibelots vintage. Une scénographie attirante, rappelant la folie douce de la designeuse Laure Prouvost. D’autant plus que, progressivement, des créatures hybrides, corps humains et tête animales s’immiscent sur cette scène enchanteresse et attendent comme nous le début du spectacle. Le public, fébrile, a tellement hâte que tout ce petit monde s’anime, intrigué par cette ambiance fantasque qui s’offrait à nous, promesse d’une parenthèse magique. Silence, noir. Enfin, tout commence. Lewis Caroll apparaît, incarné par le charmant Geoffrey Carey… Vision éphémère, il disparaît aussi vite.

Pendant deux heures, un défilé des scènes cultes du mythe d’Alice, à la relecture sans intérêt, se déploie énergiquement. L’héroïne (dont le rôle se partage entre Caroline Espargilière et Vanessa Fonte) est plongée dans un cauchemar orchestré par des personnages peu attachants. Pour redonner du rythme – et peut-être laisser le spectateur reprendre son souffle – Rosemary Standley, du groupe Moriarty, nous livre quelques chansons. Participant pleinement à l’intrigue, elle interprète également la Reine de Coeur. Le récit est freiné par une écriture décousue (passant sans cesse de l’anglais au français) et des actions peu enthousiasmantes.

On reconnaît et on apprécie ici Macha Makeïeff plasticienne, costumière. Celle qui intègre quelques fulgurances poétiques au tout – ces habits suspendus, des astuces amusantes dans le décor –  mais, la mise en scène et la narration ne prennent pas. Nous n’avons ni perçu l’énigme Lewis Carroll, ni la proposition de Macha Makeïeff.

Marie Gicquel – envoyée spéciale à Avignon


Lewis versus Alice de Macha Makeïeff
Festival d’Avignon
La Fabrica, 11 Rue Paul Achard, 84000 Avignon
Jusqu’au 22 juillet à 18h (relâche le 18), puis en septembre au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis et dès novembre au théâtre de La Criée à Marseille.

Avec Geoffrey Carey, Caroline Espargilière, Vanessa Fonte, Clément Griffault, Jan Peters, Geoffroy Rondeau, Rosemary Standley.
Texte Lewis Carroll Adaptation Macha Makeïeff, Gaëlle Hermant
Mise en scène, costumes et décor Macha Makeïeff

crédit photos © Christophe Raynaud de Lage


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