Chantal ladesou dans 1983 © Jean-Louis Fernandez

1983, Ladesou dans tous ses états

Après Nelson, Jean Robert-Charrier retrouve Chantal Ladesou est lui offre le rôle délirant d’une prêtresse de la mode déconnectée du monde depuis 1983.

Chantal ladesou dans 1983 © Jean-Louis Fernandez

Après Nelson, Jean Robert-Charrier retrouve Chantal Ladesou et lui offre le rôle délirant d’une prêtresse de la mode déconnectée du monde depuis 1983.

Chantal Ladesou possède un sens inouï du comique. Ce qu’elle fait de son corps, de son visage, de sa voix est assurément délirant. Elle a un petit défaut qui fait tout son charme : une diction souvent confuse. Ce qui permet à l’auteur de lui faire dire cette petite phrase qui déclenche des hurlements de rire dans la salle : « C’est bizarre, moins on me comprend et plus on m’aime ! » Derrière les excès scéniques de cette terrible Amazone se cachent une belle personnalité et beaucoup de sensibilité. C’est pour ça qu’on l’aime.

Ladesou, absolument fabuleuse !

Jean Robert-Charrier n’y a pas été de main morte avec le personnage de Michèle Davidson. On devine bien l’inspiration puisée dans la série cultissime Absolutely Faboulous de Jennifer Sanders et Dawn French. Car Michèle est la cousine frenchy de la terrible Patsy qu’incarnait Joanna Lumley. Comme cette créature n’est faite que de démesure, Chantal Ladesou peut se lâcher. Évitant de tomber dans les excès, elle se promène toute à son aise dans ses répliques et ses déplacements. La comédienne s’éclate dans ce rôle écrit sur mesure pour elle et dans ses robes magnifiques.

1983 de Jean Robert-Charrier © Jean-Louis Fernandez

Après un succès fulgurant dans la mode et un défilé qui restera dans les annales, Michèle Davidson décide de se couper du monde pour retrouver l’inspiration. C’était en 1983, mais n’ayant pas vu passer le temps, elle n’en est jamais ressortie. La mort brutale de l’homme attentionné qui leur apportait les provisions (Michel Ansault) va bouleverser ses habitudes. Et le XXIe siècle, avec tous ces bouleversements, entre dans son existence.

La société à grande vitesse

L’idée était bonne, celle de confronter les années 1980 et celles d’aujourd’hui. Le propos est séduisant et le choc des cultures est assez bien traité par l’auteur. À chacun de se replonger dans ses souvenirs, de faire le point sur tout ce qui s’est passé entre 1983 et 2022 ! Mais cela reste trop près de l’effet scénique et du gag. On regrette que l’auteur en ait oublié de nourrir ces deux personnages principaux, Michèle et son fidèle collaborateur (l’ineffable Dominique Daguier). Qu’ont-ils fait durant ces 40 ans ? Comment se sont-ils supportés ? Comment ont-ils vécu ces jours sans fins où chaque matin annonçait la même routine que la veille ?

Vive les filles !
Florence Janas dans 1983 © Jean-Louis Fernandez

Clémence Ansault incarne la jeune fille, bien de son temps, qui va tenter d’enseigner notre époque à ces deux Hibernatus. La comédienne possède toutes les qualités de la jeune première, le sourire, la douceur et le charme. Anaïs Harté est à son aise dans la fliquette peu douée et maladroite qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la rousse Julie Lescaut qu’incarnait à la télévision Véronique Genest. Le rôle en or de l’influenceuse botoxée à mort et accrochée à ses followers permet à Florence Janas de nous délecter de son jeu plein de folie et de démesure.

Au théâtre ce soir

Le luxueux décor, avec son escalier imposant, signé non pas de Roger Harth mais de James Brandily ainsi que les costumes somptueux du grand Michel Dussarrat en jettent. Jean Robert-Charrier s’amuse avec les codes du théâtre de boulevard de la grande époque ! Celle où régnaient en maître les Jacqueline Maillan, Maria Pâcome, Marthe Mercadier ! Celle où l’on n’avait peur de rien et où l’on osait tout, même les incohérences ! Il n’y avait pas que des grands auteurs comme Roussin (Lorsque l’enfant paraît), Barillet et Grédy (Fleur de Cactus) ou Françoise Dorin. Mais cela n’était pas grave, car les spectateurs se précipitaient sur les grands boulevards pour se divertir et surtout acclamer leur vedette. Aujourd’hui, c’est Chantal Ladesou qu’ils sont venus applaudir et ils ne s’en privent pas.

Marie-Céline Nivière

1983 texte et mise en scène de Jean Robert-Charrier.
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 boulevard Saint-Martin
75010 Paris.
Jusqu’au 18 décembre 2022.
Du mardi au vendredi à 20h, à 16h et 20h30 samedi, à 16h Dimanche.
Durée 1h30.

Avec Chantal Ladesou, Dominique Daguier, Clémence Ansault ou Adèle Royné, Michel Ansault, Anaïs Harté, Florence Janas ou Sabine Moindrot.
Collaboration artistique de Guillaume Morin.
Scénographie de James Brandily.
Lumières de Kellig Le Bars.
Costumes de Michel Dussarrat.

Crédit photos © Jean-Louis Fernandez

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