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Les utopies architecturales des cités HLM confrontées à la réalité

A théâtre en mai, un groupe de jeunes artistes interroge les utopies architecturales.

Imaginés comme des lieux de vie avec toutes les commodités, les grands ensembles urbains voient leur image se dégrader très vite face au quotidien, à la promiscuité et à la détérioration de matériaux de mauvaise qualité. En plongeant dans l’histoire architecturale des cités HLM, la Compagnie Légendes urbaines tente de reconstruire le fil de cette désillusion. Documentaire théâtral.

Les trois comédiens attendent le public sur scène. Ils rangent le décor, fait de caisses de bois, de livres, tout en accueillant chacun d’un mot, d’une attention. Puis, David Farjon interroge l’auditoire sur ses connaissances des grands ensembles urbains, s’il en connaît les noms. Imperceptiblement, ce dialogue informel se structure. L’enquête au cœur de l’histoire architecturale de cette utopie d’après-guerre peut commencer.

ce que je reproche 016_theatre en mai_©Vincent Arbelet_@loeildoliv

Tels trois étudiants en architecture, nos trois artistes partent en quête d’informations, plongent corps et âme au cœur de ces grands ensembles urbains, conçus pour être les villes de demain. malfaçons, matériels de mauvaise qualité, promiscuité ont eu raison des belles utopies imaginées par Ricardo Bofill – quartier Antigone à Montpellier – ou par Émile Aillaud – quartier La Grande Borne à Grigny. Le rêve de créer une cité pratique répondant à tous les critères du tout-confort moderne a vite tourné court.

Mais derrière l’image médiatique dégradée de ces lieux de vie, le trio infernal décide d’aller à la rencontre de leurs habitants. Confrontant fiction, réalité et vécus, Paule Schwoerer, Sylvain Fontimpe et David Farjon esquissent un portrait plus mitigé que celui noir, sombre ancré dans l’inconscient collectif. Évidemment, tout est loin d’être rose, rien n’est idéal, mais au-delà des zones sensibles, les grands ensembles se révèlent des lieux de vie où la solidarité a pris le pas sur l’individualisme.

Construisant ce documentaire théâtral comme une enquête policière, David Farjon nous donne des clés pour mieux comprendre les tenants et aboutissants des imaginaires des uns, des préjugés des autres. Mettant en exergue les légendes urbaines, les récits périphériques d’un monde sous tension, nos trois artistes effritent petit à petit nos idées toutes faites, que les médias façonnent. Si l’on peut regretter l’intervention trop longue des jeunes d’une cité voisine, qui malgré une bienveillance tourne à la condescendance voire à la farce heureuse, Ce que je reproche le plus résolument à l’architecture française, c’est son manque de tendresse permet d’apporter un regard différent sur ces grands ensembles placés aux bordures des villes, à la marge. Captivant !

Par Olivier Fregaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Dijon


Ce que je reproche le plus résolument à l’architecture française, c’est son manque de tendresse d’après une idée de David Farjon
Théâtre en Mai
Théâtre Dijon Bourgogne
Consortium
37 rue Longvic
21000 Dijon
durée 1h10

Cie Légendes Urbaines
Écriture collective dirigée par David Farjon
Avec Paule Schwoerer, Sylvain Fontimpe, David Farjon
Dispositif technique Jérémie Gaston-Raoul
Lumières Laurence Magnée
Collaboration artistique Sarah Chaumette
Coproduction Théâtre de Vanves, Scène conventionnée pour la danse soutenue par DRAC Île-de-France
Avec le soutien de DRAC Île-de-France, ministère de la Culture ; ARCADI Île-de-France ; Studio-Théâtre – Vitry-sur-Seine ; Centquatre – Paris

Crédit photos © Vincent Arbelet

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