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Dystopian Dream, le rêve inabouti du duo Wang & Ramirez

A l'espace Cardin, Wang Ramirez nous invite à un inabouti Dystopian Dream.


Les gestes sont précis, tranchés. Les mouvements s’enchaînent avec fluidité passant du hip-hop à la danse contemporaine. Les corps lévitent, volent et virevoltent. Entremêlant leurs pas, leur écriture chorégraphique avec les notes, les sonorités du dixième album du compositeur Nitin Sawhney, le duo Honji Wang et Sébastien Ramirez peine à nous embarquer dans leur imaginaire, leur rêve dystopique.

Dans un décor gris, triste, une jeune femme (ravissante Eva Stone), cheveux violets, se lave dans un seau de métal. Les bruits de l’eau servent de première rythmique. Puis, sa voix, un brin fêlée, rompt le silence réveillant les âmes perdues, errantes, qui peuplent ses rêves sans joie, sans bonheur. Un étrange homme (étonnant Sébastien Ramirez), à la tête allongée, couverte d’une cagoule noire masquant son visage, marche en apesanteur, suspendu à quelques filins. Il semble peupler les cauchemars de notre causette moderne.

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En contre point, descendant des airs, un être lumineux (éblouissante Honji Wang), tout droit sorti de quelques songes fantastiques, investit l’espace. Portant un coffret doré, elle calque ses pas sur ceux de son double noir, perturbant ses mauvaises intentions. Est-ce un combat entre ange et démon ? Difficile à dire tant les frontières entre le bien et le mal, entre rêve et cauchemar semblent bien fines, perméables, les apparences trompeuses.

Au rythme des morceaux composés par Nitin Sawhney, suite au décès de son père, et compilés sur l’album Dystopian Dream, qui donne aussi son nom à ce spectacle singulier, les numéros s’enchaînent sans vraiment de cohérence, d’histoire. Se perdant dans une dramaturgie obscure, vaporeuse, dans des effets vidéos particulièrement inesthétiques et ratés, le duo de danseurs virtuoses Wang Ramirez a bien du mal à laisser leur écriture chorégraphique s’exprimer. Contraint par cette commande du Sadler’s wells de Londres, leur art, leur liberté semblent comme étouffés, asphyxiés.

Après 1h15, bien qu’envoûté par l’univers musical du compositeur anglais d’origine indienne, ensorcelé par la voix de la charmante Eva Stone, hypnotisé par la gestuelle précise, virevoltante du couple Wang Ramirez, ne reste qu’une impression d’inachevée traversée par de belles fulgurances, comme ce jeu de mains autour d’une table, ses corps à la renverse.

La facture est belle certes mais il manque à ce Dystopian Dream un je-ne-sais-quoi de féerique, de fantasmagorique pour séduire tout à fait. Dommage !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


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Dystopian Dream d’Honji Wang & Sébastien Ramirez
Théâtre de la Ville – Espace Cardin
1, avenue Gabriel
75008 Paris
jusqu’au 4 février 2018
et reprise du 22 au 26 mai 2018
du mardi au samedi 20h30 & le dimanche à 15h
durée 1h15

direction, chorégraphie & interprétation : Honji Wang & Sébastien Ramirez
conception, co-conseiller & composition de l’album : Nitin Sawhney
chanteuse :Eva Stone
création vidéo & projections animées : Nick Hillel
costumes : Hussein Chalayan
lumières : Natasha Chivers
décor : Shizuka Hariu
dramaturgie & consultant artistique : Farooq Chaudhry

Crédit photos © Johan Persson

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