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Venise n’est pas en Italie, une savoureuse et amusante madeleine de Proust

Au théâtre des béliers parisiens, venez réapprendre la géographie car Venise n'est pas en Italie.

L’amour, le premier, celui qui nous chamboule, nous rend invincible et nous donne la force de vaincre tous les obstacles, sert de charmant prétexte à cette tragi-comédie pleine de tendresse, d’humour et d’émotion. En s’inspirant de ses premiers émois, Ivan Calbérac nous invite à partager le parcours initiatique d’un adolescent malingre et solitaire vers l’âge de raison. Habité par le texte ciselé de ce premier roman mêlant la dure réalité du quotidien et les cocasseries burlesques de deux mondes qui s’entrechoquent, Thomas Solivérès nous emballe par sa fraicheur et sa touchante ingénuité.  Un petit bijou théâtral à déguster sans délai !

Sur une scène vide, côté cour, un petit bureau de lycéen semble abandonné. Rapidement, une silhouette longiligne d’adolescent vient s’y installer. On est en mars. Emile (fabuleux Thomas Solivérès), 15 ans, enfant précoce, s’est acheté son premier journal intime. Bien décidé à nous raconter son histoire par le menu, il couche sur le papier son quotidien, sa vie en caravane – la future maison familiale n’étant pas encore construite -, sa rencontre avec la belle Pauline.

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Solitaire, fragile, introverti, le jeune homme a bien du mal à trouver sa place dans la société, dans le monde qui l’entoure. Persuadé d’être un raté, il est surpris par l’intérêt que lui porte la jolie jeune fille, violoniste de talent. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par sa famille : Père violent, absent et « beauf », mère, née d’un croisement particulièrement réussi entre les Bidochon et les Groseille, frère bagarreur et peu subtil. En le dévalorisant, en lui teignant les cheveux en blond afin d’enjoliver ce que la nature n’a pas gâté, tous concourent à le construire de guingois et à l’empêcher d’avoir une belle opinion de lui-même.

Pourtant, malgré ce lourd bagage, il fait naître une étincelle dans le cœur de Pauline, fille d’un chef d’orchestre et d’une mère élégante mais dépressive. Entre les adolescents, une douce amitié, une idylle à la Roméo et Juliette, semble éclore et les mènera, contre vents et marées, jusqu’à Venise.

En plongeant dans ses souvenirs de vilain petit canard, Ivan Calbérac brosse un portrait doux-amer de l’adolescence. A bord d’une caravane, de Montargis jusqu’au côté de l’Adriatique, l’écrivain nous entraine, avec beaucoup d’autodérision et de tendresse, dans un road-trip burlesque et romanesque, dans une quête identitaire malicieuse et singulière, où notre jeune héros chétif quittera l’ingrate et rêveuse adolescence pour le monde plus sombre et moins enchanteur des adultes. Confronté à la dureté du monde réel, Emile perdra sa naïve candeur mais jamais sa foi en l’humanité et en l’amour.

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Embarqué dans la vive et rythmée mise en scène d’Ivan Calbérac, l’épatant Thomas Solivérès se glisse avec une étonnante facilité dans la peau de cet adolescent dégingandé. Le visage expressif, le regard interrogateur, il est Emile, cet enfant rêveur, mal dans sa peau, prolixe et particulièrement bouillonnant. Hyperactif, il campe aussi, avec fougue et fièvre, tous les autres tonitruants et truculents personnages qui participent à ce rocambolesque voyage.

Totalement conquis par la performance du jeune comédien et le texte ciselé et drôle de l’auteur, hilare et heureux, on ressort totalement séduit par cette Première gorgée de bière légèrement amère, par cette madeleine de Proust, délicatement sucrée, parfumée à la fleur d’oranger et fourrée des souvenirs de nos 15 ans.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


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Au théâtre des béliers parisiens, venez réapprendre la géographie car Venise n’est pas en Italie

Venise n’est pas en Italie d’Ivan Calbérac
Théâtre des béliers parisiens
14 bis, rue Sainte-Isaure
75018 Paris
Du mercredi au samedi à 19h00 et le dimanche à 15h30.
Durée 1h15

Une pièce écrite et mise en scène par Ivan Calbérac
Avec Thomas Solivérès
Lumières d’Alban Sauvé
Scénographie de Camille Ansquer
Costume de Caroline Gichuki

Crédit photos © Svend Andersen

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